Atlantide 003

15/08/2012 13:50

    Voici une autre nouvelle de science-fiction: Atlantide 003. Elle est sur le thême de la montée des océans. C'est la plus longues que j'ai écrite et l'une de mes préférées. 

Atlantide 003

La montée des océans

 

 

 

 

 

 

 

8 avril 2247

H-1h21

    Oléane atterrit souplement sur une branche.

« Et ça ? Tu peux le faire, Eli ? Me demanda-elle

-Les doigts dans l'nez ! » Répondis-je.

Je bondis, vers la branche où elle se tenait en criant. Mon saut devait être, je l'avoue, assez spectaculaire: d'un seul bon je parcouru les 4 mètres qui me séparaient de ma cible, me permettant ainsi de m'y écraser en toute tranquillité.

Oléane éclata de rire.

Je tentai de me lever, avant de me rendre à l'évidence: j'avais les quatre fers en l'air et j'étais Coincé !

« Oléane ! Aide moi au lieu de rire comme une baleine !

-Tu trouves que je ressemble à une baleine ? Demanda-t-elle vexée.

-Euh... non, bien sûr. »

Elle sourit, prit ma main et me tira d'un seul coup. Je poussais un cri de surprise qui s’étouffa dans ma gorge lorsque je me retrouvais avec ses... avec sa poitrine sous le nez (elle est beaucoup plus grande que moi). Elle recula vivement.

« Euh... Merci. ai-je balbutié un peu gêné

-Tu disais quoi déjà ? Les doigts dans l'nez? Dit-elle, moqueuse. Permet moi d'avoir quelques doutes.

-Pfff. J'y suis très bien arrivé !

-Peut-être mais...

-Viens ! Sinon, Le Sage va encore nous dire qu'on traîne. » dit-je en tournant les talons, évitant ainsi d'autres moqueries.

 

 

 

    « Et ça ? Tu peux le faire Eli ? Dis-je après avoir atterris

-Les doigts dans l'nez ! » répondit-il

D'un seul coup, il bondit vers moi, criant et agitant ses bras dans tous les sens avant d’atterrir lamentablement à mes pieds.

Je ne pus m’empêcher d'éclater de rire. Oui, je sais ce n'est pas très gentil, mais il était tellement ridicule !

Après s'être débattu un moment, il me dit :

« Oléane ! Aide moi au lieu de rire comme une baleine ! 

-Tu trouves que je ressemble à une baleine ? Demandais-je, faignant l'indignation.

-Euh... non, bien sur. » Bégaya-t-il

Je me retins de ne pas éclater de rire devant son air déconfit. Je pris la main qu'il me tendait et le tira violemment. Il poussa un cri aigu, qui cessa net lorsque il se retrouva le nez dans mon sous-tif ! (peut-être pas dans, mais presque) Je me reculais, avant qu'il n'ai eu le temps de s’intéresser à ce qu'il avait sous le nez.

«  Euh... Merci. Dit-il, aussi rouge qu'une tomate.

-Tu disais quoi déjà ? Les doigts dans l'nez? Lui demandais-je, Permets moi d'avoir quelques doutes.

-Pfff. J'y suis très bien arrivé ! Protesta Eli

-Peut-être mais...

-Viens ! Sinon, Le Sage va encore nous dire qu'on traîne. » me coupa-t-il avant de s'éloigner.

« Si tu crois que je vais te laisser tranquille aussi facilement, tu te mets le doigt dans l’œil ! » marmonnais-je

 

 

 

H-1h

    « Eli, Oléane, vous êtes encore en retard ! nous reprocha Le Sage

-Euh... désolé. dis-je

-On ne le fera plus. répondit-elle avec son air le plus angélique, Je vous le promets. »

Le Sage soupira, signe qu'il ne croyait pas un mot de cette déclaration. Il avait tout à fait raison d’ailleurs : depuis que nous étions petit, nous arrivions en retard tous les jours ! Il n’eut cependant pas le courage de relever ce détail.

« Installez vous, je n'ai pas encore commencé. Fit-il plutôt. »

Nos camarades nous firent un peu de place.

« Bien, comme je le disais avant que vous arriviez, aujourd'hui je vais vous parler de l'origine de cet endroit. Tout a commencer il y a 200 ans environ. A cette époque, les hommes... »

Ce qu'il disait avait beau être passionnant, je cessai très vite de l'écouter pour m’intéresser à un problème beaucoup plus personnel : Oléane. Tout à l'heure, quand je me suis retrouvé presque collé contre elle, j'ai ressenti quelque chose de bizarre, que je n'avais jamais ressenti avant. Tout en m’interrogeant, je la dévorai du regard. Elle est vraiment très belle avec ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus océan. Soudain, elle se tourna vers moi, surprise d'être ainsi détaillée et pendant un instant nos regard se croisèrent, mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je détournai les yeux. Une chose était sûr, cette chaleur dans mon ventre n'avait rien à voir avec l'amitié.

 

 

 

    « Eli, Oléane, vous êtes encore en retard ! grogna Le Sage

-Euh... désolé. Fit-il

-On ne le fera plus. Dis-je , Je vous le promets. »

Je me retins de pouffer de rire devant son air désespéré. De toute évidence, il ne croyait plus à ce mensonge que je lui servais tous les jours depuis 13 ans.

« Installez vous, je n'ai pas encore commencé. Dit-il »

Nous nous exécutâmes.

«  Bien, comme je le disais avant que vous arriviez, aujourd'hui je vais vous parler de l'origine de cet endroit. Tout à commencer il y a 200 ans environ. A cette époque, les hommes polluaient énormément cette planète, le climat se réchauffait très vite et les glaciers présents aux pôles ou sur les montagnes fondaient à toute vitesse. En 2021, le gouvernement d'un pays appelé la France a fait construire un abris, une gigantesque cloche de verre totalement hermétique. Ils l'ont appelé Atlantide 003. Sept ans plus tard, Atlantide 003 était terminé, juste à temps, car l'inondation commença l'année suivante. Cinq ans après le début de cette catastrophe, la Terre était presque entièrement recouverte d'eau. Une partie de la population française s'est alors réfugiée ici.

-Les arbres étaient-t-ils déjà là au début ? Demanda une fille brune assise à ma droite

-Oui, mais ils étaient beaucoup plus petits. Répondit Le Sage

-Y a-t-il d'autres abris ? Fit un jeune garçon

-Nous l'ignorons, mais c'est peu probable. De nombreux pays ne prenait pas cette menace au sérieux. »

Je m’apprêtais à poser une question quand j'eus la sensation d'être observée. Je me retournais, Eli avait les yeux fixés sur moi. Quand nos regards se croisèrent il rougit et détourna le regard. Étonnée, je l'observais à mon tour. Je ne pus m’empêcher de le trouver mignon avec ses yeux verts et ses cheveux bruns ébouriffés.

 

 

 

H-38min

    « Oléane, pourquoi on monte au sommet de l'arbre ? Fit Néo

-Parce qu'il faut que j'aille vérifier un truc. Répondis-je

-Je suis fatigué..., se plaint-il pour la centième fois, Tu me portes ?

-Pffff … D’accord. Dis-je en le faisant monter sur mon dos.

-Tu ne crois pas que tu aurais pu laisser ton frère chez toi ? Demanda Eli

-Non ! Si mes soupçons se confirment, je préfère qu'il soit avec moi. »

Soudain le sommet fut là. Je vis les branches se serrer contre le verre par dizaines. La paroi semblait se tordre de douleur et paraissait sur le point de se briser.

« Merde ! » dis-je

 

 

 

H-18min

    « Oléane, c'est de la folie ! M'exclamai-je

-Pas du tout ! s’énerva-t-elle en rangeant du pain dans un sac imperméable, tu as vu la paroi ? Elle risque de céder à tout moment !

-ça fait 200 ans qu'elle est là ! Pourquoi casserait-elle maintenant ?

-Parce-que les arbres ont poussé. Répliqua-t-elle en fermant son sac.

-Le Sage a dit qu'il n'y avait pas d'autre abris ! Où veux-tu aller ? Sur Mars peut-être ?

-Il a dit que c'était peu probable, pas impossible !

-Et tu veux risquer ta vie et celle de ton frère pour quelque chose de peu probable ?

-Pas ma vie et celle de mon frère ! S'écria-t-elle, Mais, nos vie à tous les trois !

-Tu... Tu veux que je vienne avec toi. Dis-je surpris

-Oui.

-Mais, pourquoi ?

-Parce que je t'aime ! Dit-elle avant de tourner les talons, me laissant bouche bée dans son salon.

 

 

 

H-7min

    « Oléane ? Dit Néo

-Quoi ?

-On va où ?

-Je ne sais pas. Répondis-je tristement

-Pourquoi t'es triste ?

-Parce qu'Eli ne vient pas avec nous.

-Pourquoi il vient pas avec nous ? 

-J'en sais rien. répondis-je

-J'aime pas quand tu sais pas. Grommela-t-il »

A cet instant, la sortie fut en vue, c'était un sas en verre recouvert de feuille, un petit bâtiment s’appuyait contre la paroi. Je m'y dirigeai, tenant Néo par la main.

 

 

 

    Je faisais les cents pas dans la pièce, incapable de me décider. Devais-je suivre Oléane, au risque de mourir perdu dans l'océan, ou devais-je rester ici, au risque de finir écrasé sous des tonnes d'eau. Je ne savais pas...

Parce que je t'aime.

La voix d'Oléane résonnait dans ma tête.

Parce que je t'aime.

La boule de chaleur dans mon ventre semblait lui répondre.

Parce que je t'aime.

Je quittai la pièce précipitamment.

 

 

 

H-3min

    Le bâtiment était un entrepôt. Il contenait des boites entières de nourriture déshydratée moisie depuis deux siècles et l'odeur de pourriture qui flottait dans l'air était insoutenable. Je me retins de faire demi-tour, car tout au fond de la pièce, trônait une centaine de combinaisons aquatiques. Je n’eus aucun mal à en trouver une à ma taille, mais ce fut plus compliqué pour Néo. Devant les supplications de mon petit frère (et de mon estomac), je jetais mon dévolu sur un équipement deux fois trop grand pour lui, tout en priant pour que mon appareil digestif supporte quelques secondes de calvaire supplémentaires. Puis, je pris une troisième combinaison avant de me précipiter à l’extérieur de cette pièce.

 

 

 

 

H

    Je courrais le plus vite possible, espérant qu'il n'était pas trop tard. Soudain je vis le sas de sortie. Deux silhouettes s’avançaient à l'intérieur.

« Oléane !!! »Hurlais-je.

Les deux personnes se retournèrent vers moi. Je n'étais plus qu'à une centaine de mètre d'eux quand je vis l'horreur se peindre sur le visage étrangement verdâtre d'Oléane, et que retentit un craquement de fin du monde.

 

 

 

    Après que Néo eut soulagé son estomac, je lui fit enfiler sa combinaison qui empestait presque autant que la pièce dont elle était issue. Une fois que j'eus réussi l’exploit de lui faire mettre son équipement, j'enfilai le mien. Saisissant nos casques de verre, j'ouvris le sas. Soudain, une voix retentit dans mon dos.

« Oléane !!! »

Je fis volt face et mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand je vis Eli arriver en courant.

Mais mon bonheur fut de courte durée : dans un horrible bruit de verre brisé le plafond céda.

 

 

 

    Je compris aussitôt ce qu'il se passait: le verre venait de se briser. Cette certitude me fit l’effet d'un coup de pied au fesse, je pris encore de la vitesse. En quelques pas, je parcouru presque toute la distance qui me séparait d'Oléane.

Il ne me restait plus que quelques pas à faire, quand je m'étalai lamentablement sur le sol.

 

 

 

    Aussitôt, je poussai Néo dans le sas qui se referma automatiquement.

« Mets ton casque ! » Lui criais-je en attachant le mien.

Il s'exécuta aussitôt pendant que je me retournais, juste à temps pour voir Eli se prendre les pieds dans une racine et s'effondrer sur le sol.

 

 

 

    Je tentai de me relever, mais mon pied était coincé sous une racine.

« Oléane !! Je suis coin... » Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase, l'eau me frappa, expulsant tout l'air de mes poumons.

 

 

 

    Je me précipitai vers Eli, le mur d'eau fonçait droit vers nous charriant des troncs d'arbre et des débris de toutes sortes.

« Oléane !! Je suis coin... »

La vague le percuta violemment. Je me jetai au sol afin de réduire l'impacte. Malgré tout, le choc me coupa le souffle. Un peu sonnée, je respirai longuement l'air puant contenu dans mon casque. Une fois que j'eus cessé de voir double, je m’approchais d'Eli, toujours coincé par la racine. Je pris son bras et le tirai violemment. Déjà endommagé par l'eau, la racine céda.

 

 

 

    Si j'en avais été capable, j’aurai hurlé. Mais je n'avais plus un gramme d'air dans les poumons. Le monde semblait danser devant mes yeux. Je sentis une main saisir mon bras, me tirer, puis je perdis connaissance.

 

 

 

    Aussitôt, qu'Eli fut libéré, je le ramenai vers la sortie. Néo était recroquevillé dans un coin du sas. Il pleurait. Je tapai contre le verre. IL leva les yeux vers moi et un grand sourire illumina son visage. Je lui indiquai un bouton à droite de la porte. Il appuya dessus et celle ci s’ouvrit. L'eau s’engouffra avec moi dans le sas. J’appuyai sur un autre bouton, actionnant la pompe qui chassa l'eau. Alors, j’allongeai Eli sur le sol.

« Je croyais que la vague t'avait mangée ! » Dit Néo.

 

 

 

    Autour de moi, il n'y avait que du noir. Tout était silencieux. J'avais l’impression de flotter. Finalement la mort ce n'est pas si mal...

Une voix résonna dans ma tête :

Parce que je t'aime.

Elle murmurait.

Parce que je t'aime.

Puis, une odeur vint me chatouiller les narines : une odeur de moisi qui me donna la nausée. Peut-on vomir quand on est mort ?

Parce que je t'aime.

« Moi aussi. murmurai-je

-Il a parlé ! dit soudain la voix, Eli ? Tu m’entends ? Ouvre les yeux ! »

Je soulevai difficilement mes paupières, et les refermai aussitôt.

« Eli ça va ? Comment te sens-tu ? me-demanda Oléane.

-Comme si une baleine avait sauté sur mon ventre. Répondis-je »

Je regardai autour de moi. Je me trouvais dans une pièce étrange, sur un lit en métal, avec des draps blancs. Les murs étaient également en métal.

« Où sommes nous ? Demandai-je

-Tu vas voir. Dit-elle en m'aidant à me lever. »

Elle me guida vers la fenêtre pour que je puisse voir le paysage. J'en eus le souffle coupé. Devant moi, une ville immense s’étendait à perte de vue et des immeubles luisants montaient jusqu'au sommet... d'une cloche de verre deux fois plus grande que celle de chez nous.

« Bienvenu à Atlantide 001 » dit Oléane.

 

Cloclo